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ARCHÉA a créé son club des visiteurs : l'occasion de mieux connaître les nombreux projets menés par l'équipe…
Les vestiges uniques de cette activité, et notamment un four de potier du 13e siècle, constituent le cœur d’un projet de mise en valeur et seront bientôt accessibles au public, accompagnés de reconstitutions permettant de mieux comprendre cette activité.
Située au nord du Pays de France, la vallée de l’Ysieux recèle un important gisement d’argile exploité pendant plus de dix siècles par des artisans potiers. Les fouilles successives associées aux programmes de recherche ont mis en évidence une production céramique importante et variée selon les périodes, allant de l’ustensile utilitaire au véritable objet d’art.
Fosses constitue ainsi le cœur d’un vaste réseau de villages de potiers implanté sur le banc d’argile où les activités de production se sont succédées. Le toponyme médiéval de « Fosses » doit probablement son origine aux carrières d’extraction d’argile et de limon entourant le village. Les découvertes archéologiques, confrontées aux études géologiques montrent que le banc d’argile du Sparnacien était à proximité des habitants des villages implantés dans la vallée de Rocourt, en amont à Lassy, en aval. Ainsi, les villages de Fosses, Bellefontaine, l’ancien village de Brenc (aujourd’hui englobé dans Bellefontaine), Saint-Witz, Saint-Ladre et Rocourt (Marly-la-Ville), les « vieilles tuileries » d’Hérivaux, Gascourt (Luzarches), Lassy ont été concernés par cette activité potière.
Chaque atelier semble avoir été associé à un four, réparé ou modifié au cours d’une longue utilisation, voire reconstruit sur les vestiges du précédent. Près de 25 fours ont ainsi été mis au jour dans cette vallée, en majorité à Fosses, Lassy et Bellefontaine.
Vestiges de fours ou d’ateliers, traces de tours et fosses contenant des rebuts de cuisson de milliers de poteries témoignent donc de cette activité artisanale qui a perduré pendant plus de 1000 ans, du début du Moyen Âge à l’Époque moderne. C’est à Fosses, site majeur de la production que se développe un projet de centre d’interprétation à proximité de vestiges encore en place. Il permettra d’aborder de nombreux thèmes en lien avec cette activité : l’exploitation des ressources naturelles, l’évolution des techniques de fabrication et de cuisson de la céramique, la variation de la production et de sa commercialisation, mais surtout la vie quotidienne des potiers.
Les opérations archéologiques et la recherche en archives ont permis de localiser et d’étudier les vestiges d’une centaine d’ateliers de potier et secteurs de productions (regroupement de plusieurs ateliers) ayant fonctionné entre le haut Moyen Âge et le 18ème siècle dans la vallée de l’Ysieux. Toute une gamme de production est attestée au cours des siècles : céramique architecturale, céramique usuelle et utilitaire fabriquée pour le stockage, la cuisson ou le service, mais aussi production plus haut de gamme répondant parfois à une commande.
Plusieurs périodes de production peuvent ainsi être caractérisées : l’origine locale est gallo-romaine, vraisemblablement à Marly-la-Ville ou Luzarches. À l’époque mérovingienne, des productions communes et plus fines sont attestées par des analyses chimiques de pâte, sans lieu de production identifié. Puis la production carolingienne, dont la diffusion semble être locale, est associée à trois fours datés des 10ème et 11ème siècles, mis au jour à Lassy. Alors que les 14ème et 15ème siècles, temps de crises sociales et de régression économique, sont marqués par une production peu variée, deux épisodes sont particulièrement fastueux : la période romane (du 11ème au 13ème siècle), et la Renaissance (15ème et 16ème siècles). En témoignent l’accroissement du nombre d’ateliers, mais aussi la quantité et la qualité de la gamme de production et des décors.
De Paris à Senlis et de Pontoise à Meaux, des témoins de cette production sont attestés laissant percevoir les réseaux de diffusion commerciale dès le Moyen Âge. La concurrence des grès du Beauvaisis et des céramiques parisiennes mettent fin à cette production qui tombe alors dans l’oubli.
Parfois, comme c’est le cas dans la vallée de l’Ysieux, la fabrication de poteries est une entreprise familiale. Le maître potier est entouré d’apprentis, voire de salariés, mais aussi de sa femme souvent potière et de ses enfants. Dans la réalité, le statut social et le travail de ces hommes, tous dans la corporation des « potiers de terre », renferment pourtant de grandes disparités qui transparaissent dans les actes d’archives comme dans les objets archéologiques, témoins du quotidien.
Dernière mise à jour : 08 avril 2024
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