Illustration principale © Archéa Roissy Pays de France

L'étude des collections : Orville à la loupe

ARCHÉA permet au grand public de découvrir des objets archéologiques en exposition et aux scientifiques d'étudier les collections en réserve dans le cadre de leurs recherches. En ce moment, c’est le cas d’Amélie Rozzi, étudiante en Master d’archéologie, qui a bien voulu répondre à nos questions.

Amélie, peux-tu nous présenter ton parcours ?

Après une licence en Histoire de l’Art et Archéologie à l’Université Paris X Nanterre, j’ai décidé de poursuivre mon cursus avec un Master recherche en archéologie médiévale, en me spécialisant plus précisément dans l’étude du petit mobilier.

Peux-tu nous expliquer ce qu’est le « mobilier » et nous décrire ton sujet de recherche ?

En archéologie, le mobilier désigne l’ensemble des objets découverts lors d’une fouille. Dans le cas de mon étude, il s’agit de petits objets, souvent en rapport avec la vie quotidienne des gens au Moyen Âge. C’est d’ailleurs cette proximité avec le quotidien de l’époque qui me plait particulièrement. Ce sujet étant très vaste et le master prévu sur deux années seulement, nous avons décidé avec mon directeur de recherche de cibler mon étude uniquement sur les objets de parure et les éléments de harnachement du cheval fabriqués en alliage cuivreux. Mon corpus, c’est-à-dire l’ensemble des objets qui constituent la base de mon étude, est actuellement constitué d’environ 200 objets.

D’où proviennent ces objets ? Comment en as-tu pris connaissance ?

Ils ont tous été découverts sur le site médiéval du Château d’Orville à Louvres (95), l’un des pôles d’ARCHÉA. C’est mon directeur de recherches qui m’a mis en contact avec François Gentili, l’archéologue du site, et avec l’équipe d’ARCHÉA, musée qui conserve et présente les objets mis au jour sur le site et qui chaque été y organise une fouille programmée. La fouille programmée est une opération archéologique qui s’inscrit dans un programme de recherches dirigé par l’archéologue en charge du site, mais qui s’inscrit également dans la programmation scientifique nationale élaboré par les représentants de l’archéologie en France, tels que la Direction des Affaires Culturelles (DRAC) et les Services régionaux de l’archéologie (SRA). Ce type de fouilles s’applique à des sites et à des problématiques de recherche généralement peu concernés par les travaux d'aménagement du territoire, et donc par les fouilles préventives. J’ai d’ailleurs commencé par participer à la campagne de fouilles de 2019, avant d’étudier les collections conservées dans les réserves du musée.

Comment se déroule ton étude à ARCHÉA ?

Avec mon directeur de recherches et Lucie Cottier, responsable du pôle Collections d’ARCHÉA, ainsi que sa collègue Magali Wunderle, régisseuse des collections, nous avons d’abord convenu d’une réunion pour discuter de mon projet d’étude et définir l’organisation de mes visites au musée. En effet, pour des raisons de conservation et de sûreté, les collections doivent être consultées sur place. Je prends régulièrement rendez-vous avec le Pôle Collections et suis accueillie dans la salle d’étude du musée, où j’ai accès à du matériel de travail ainsi qu’à la base de données informatisée des collections. La régisseuse des collections sort les objets des réserves pour me les apporter en salle d’étude, où je suis libre de manipuler les objets très précautionneusement, avec des gants, pour faire mes observations, mesures et photographies.

La première étape du master, que je réalise actuellement, consiste à dresser l’inventaire des objets : en m’appuyant sur les informations de la base de données du musée et sur les rapports de fouilles rédigés par les archéologues, je classe les objets par numéro d’inventaire, année de découverte, zone et contexte de découverte au sein du site. Je repère la nature des matériaux (type d’alliage cuivreux, présence de restes organiques tels des fragments de cuir ou de textile…), j’identifie l’objet (boucles de chaussure, de ceinture, ferrets de lacet, épingles, boutons, mordants de ceinture ou de lanière, appliques ornementales…) et j’en rédige une courte description. Je note aussi la datation du contexte si elle est déjà connue et propose une datation typologique, par comparaison avec des objets similaires. Ensuite, je prends les dimensions, le poids, note l’état et le lieu de conservation. Enfin, je photographie les objets et en réalise des dessins avec les logiciels Photoshop et Illustrator.

Ce travail d’inventaire et de documentation me permettra dans un second temps de rédiger une synthèse, préciser les datations, comparer mon corpus avec d’autres corpus déjà étudiés.

Quels sont les objectifs de ton mémoire de recherche ?

Il s’agit tout d’abord d’étudier de façon systématique ces objets car depuis les premières fouilles en 2001, une telle étude n’a jamais été réalisée pour le site d’Orville. Reconnaitre et préciser la typologie de chaque objet peut permettre de dater les contextes où ils ont été découverts, notamment en les comparant avec des objets similaires trouvés sur d’autres sites. Cela peut également aider à identifier le niveau social du site (selon la qualité de fabrication des objets entre autres) ou apporter des précisions sur les différentes activités qui avaient lieu au château. La localisation des objets sur le site peut aussi donner des indications sur les lieux de passage, les zones de concentration de l’activité… De cette façon, mon étude pourra contribuer à l’amélioration de nos connaissances sur le site du château d’Orville mais aussi à accroître le corpus des objets étudiés dans le domaine de la parure et du harnachement au Moyen Âge en Île-de-France.

Dans le cadre universitaire, le master me permet aussi d’acquérir une méthodologie, de me former à l’étude des objets et plus largement, au travail de chercheuse.

Merci Amélie pour cette présentation et rappelons ici que pour une consultation des collections, les demandes sont à effectuer auprès du Pôle Collections via le Formulaire.

Dernière mise à jour : 04 décembre 2020

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