RETOURS DE RESTAURATION 2020 : FOCUS SUR DEUX OBJETS RÉCEMMENT DÉCOUVERTS

Plusieurs objets du musée ont été confiés à des restaurateurs spécialisés : voici l'exemple de deux de ces objets traités en 2020 provenant du site archéologique d'Orville.

Chaque année, ARCHÉA fait restaurer plusieurs objets sortis de fouilles archéologiques et qui nécessitent un traitement pour leur bonne conservation et leur éventuelle exposition. Des objets sont envoyés à des restaurateurs de différentes spécialités : métal, céramique, verre. Cette année, c’est à nouveau le site du château d’Orville qui est mis à l’honneur dans cette actualité, avec deux objets nouvellement arrivés au musée à la suite de leur découverte lors des campagnes de fouilles archéologiques programmées menées sur le site en 2018 et 2019, sous la houlette d’ARCHÉA.

Une gourde de la fin du Moyen Âge

Le premier objet est une gourde à passants dite « gourde crapaud » en grès du Beauvaisis, un type de terre cuite particulièrement résistant et imperméable, obtenu par une cuisson à haute température, produisant une légère vitrification. Découverte dans les fossés du château, au pied du pont-levis, cette céramique est datée du XVe siècle environ. Cette forme médiévale, qui tire vraisemblablement son nom de son aspect aplati rappelant le profil du crapaud, a perduré jusqu’au début du XXe siècle. Les quatre anses (ou passants), dont trois seulement sont conservées sur cet exemplaire, étaient utilisées pour y passer une corde et ainsi permettre de suspendre l’objet. Une comparaison peut être faite avec des exemples ethnographiques plus récents, qui montrent que les paysans utilisaient ce type de gourde pour maintenir le liquide contenu au frais, en la plongeant dans un point d’eau ou en l’enfouissant dans la terre.

Découverte par les archéologues en 72 fragments, la gourde a été restaurée par la restauratrice Anaïs Braja. Chaque tesson a été soigneusement nettoyé à la vapeur d’eau sous pression puis recollé à l’aide d’une résine acrylique adaptée à la restauration. Les lacunes, c’est-à-dire les parties manquantes de la céramique, n’ont volontairement pas été comblées car le souhait d’ARCHÉA est, dans la mesure du possible, de conserver et présenter chaque objet au plus proche de l’état archéologique dans lequel il a été retrouvé : cela fait partie de son histoire !

Un objet mystère en plomb

Le second objet a été découvert dans la même zone que la gourde et a été traité par le restaurateur Frédérick Masse, installé à Compiègne. Il s’agit d’un élément en plomb dont l’identification, encore indéterminée, pourra sans doute être précisée par un archéologue spécialiste grâce à cette restauration. En effet, le traitement a permis de faire apparaitre un décor de feuilles particulièrement fin, qui dénote à première vue le caractère ornemental de l’objet. Nous attendons avec impatience l’étude qui nous en dira plus.

Pour le traitement, le restaurateur a d’abord procédé à un nettoyage dit « mécanique » au scalpel (pour retirer la majorité de la terre et de la corrosion collées à l’objet) puis « chimique », grâce à une solution d’acide dilué dans l’eau déminéralisée. Il a ensuite procédé au recollage des deux fragments retrouvés avec la résine acrylique. L’objet a ensuite été séché dans une étuve puis protégé par une couche de résine à nouveau et par une cire spécifiquement adaptée.

Dernière mise à jour : 09 mars 2021

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